Comme certains d'entre vous le savent, hier quelqu'un a blogué ici et a enlevé son post après que j'aie laissé un commentaire quelque peu acerbe. A cette personne je présente mes plus plates excuses de m'être montré vexant. Il est vrai que je ne suis pas forcément pour l'antisarkozysme à outrance, parce que je trouve que la diabolisation n'est pas un argument de fond et que l'explication est plus convaincante que le gag en cette matière. Mais, à dire vrai, je suis toujours heureux des contributions que chacun laisse à ce blog, et inversement triste de vous voir vous autocensurer pour de bêtes remarques. Ces remarques, qu'elles plaisent ou non, se veulent constructives et surtout pas insultantes. Mon point de vue sur les gags anti-sarko, maintenant vous le connaissez: ça m'amuse, mais je trouve que ce n'est pas toujours du meilleur goût et qu'à force d'en être envahis ça sent un peu l'acharnement, au risque de le victimiser (ce qu'il cherche, et obtient d'ailleurs, car après tout il a une étiquette politique plus propre qu'un Le Pen). Toutefois je ne cache pas mes opinions, et les renie encore moins. Si je ne suis pas toujours d'accord avec la démarche, dans le fond ce que vous dîtes et montrez ici me parle, m'amuse, me correspond, et je crains moi aussi le très probable mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy. Aussi je vous demanderai, à l'avenir, de me faire savoir si un commentaire vous a blessé. Je préfère virer ou rectifier un de mes commentaires plutôt que votre post. On n'est pas chez Sarko, ici! ;) Je ne veux surtout pas commencer à me poser en dictateur, ni ici ni nulle part, alors pas d'autocensure, s'il vous plaît!
Sinon, et toujours pour parler de sujets censurés, hier avec Audrey nous sommes allés voir un très très bon documentaire, quoique pas franchement gai et à la musique un peu redondante: Au-delà de la haine, d'Olivier Meyrou. Comme le film, sorti en mars, ne passait qu'hier en Gironde (diffusion quasi-nulle, et c'est bien dommage, même si la logique commerciale n'y survivrait pas), j'ai sauté sur l'occasion. Le débat qui a suivi la projection dans la salle traitait surtout de la discrimination, thème sur lequel j'ai des positions très à gauche, peut-être trop. Pas de quoi me choquer, donc, de voir des homos militants s'exprimer là-dessus. Le film, lui, traite d'un sujet différent, quoique découlant de la discrimination, poussée à son paroxysme: la violence homophobe. Plus largement, si on pousse la logique à son terme, la violence envers celui qui est différent. Septembre 2002, Reims, trois skins décident d'aller casser de l'arabe dans le parc Léo Lagrange. N'en trouvant pas, ils se reportent sur François Chenu, un homosexuel de 29 ans présent ce soir-là dans ce parc, qui est aussi un lieu de rencontre. Après l'avoir battu et laissé pour mort, ils le jettent à l'étang, où il se noiera. La police les a retrouvé grâce au téléphone portable de la victime, dont les parents de l'un des agresseurs ont fait usage. Des gens pas très malins, donc. Démissionnaires au point que les gamins (l'un des trois était mineur) chantaient des chants hitlériens au vu et au su de tous et arboraient fièrement une déco IIIè Reich dans leurs chambres. Vivant dans une misère sociale et intellectuelle évidente, aussi, comme le laisse entrevoir le film, parce que tenter de comprendre est essentiel ici, même si cela n'excuse rien. S'il est évident que ce crime est odieux, le réalisateur prend le parti de s'intéresser à des acteurs à la position bien plus difficile, la famille de la victime. Des gens simples, pas des CSP+++, qui essaient de faire leur deuil, même sans avoir vu le corps de leur fils (quasiment pas identifiable), et de comprendre les jeunes meurtriers, qui ne manifesteront aucun sentiment de culpabilité. La lettre qu'ils écrivent aux meurtriers après le procès est magnifique d'humanisme, et leur lent chemin pour dépasser leur colère et la haine qu'ils voudraient ressentir montre que la raison humaine n'est pas tout à fait morte. A l'heure où une majorité des français souhaiterait, selon certains sondages, revenir sur la peine de mort, le témoignage de ces gens rassure. Stéphane Chenu aurait pu être noir, juif ou arabe, c'est la haine qui l'aurait tué de toute façon ce soir-là, et même si c'est terriblement difficile, la haine n'est pas une réponse à cela... Dommage, je n'en démords pas, que l'éducation ne joue pas son rôle en amont contre l'homophobie - dès l'enfance si possible, quitte à passer pour un gros communautariste!
PS: Et pour clore ce post sur une note encore plus sympa et pas du tout plombée: Grégory Lemarchal, gagnant de la Star Ac 4, est mort des suites de sa mucoviscidose ce matin. Je n'aimais pas ce qu'il faisait, mais c'est quand même triste de mourir si jeune, surtout pour un chanteur jetable du star-system éphémère de TF1 (je vois d'ici la récup' larmoyante sur les primes de la Star Ac 7...). Et avec ça, Florence Foresti qui est enceinte, m'apprend-on hier de source peoplesque! Si on perd même les égéries de l'aigritude pour cause de niaisitude/pouponnage...