Je perds en assiduité, ces derniers temps. Je vous préviens, une fois de plus, ça ne va pas être drôle. La futilité n'empêche pas les soucis. Premier post de février, ce dimanche 3, donc. Désolé. Pas vraiment moyen d'avoir accès à l'ordinateur à la maison, trusté par mon frangin. Vous connaissez l'excuse, elle dure depuis que ce blog existe. Ce fut un week-end bien long. Pas pour le mariage présidentiel de samedi matin dont je me tamponne le coquillard si fort que je pourrais me faire mal. Non. Mais pour de petits incidents et autres instants de flottement qui me laissent, en ce dimanche soir, le coeur vidé, la tête pleine et le pied nerveux. Pour le vendredi après-midi fort instructif passé à Paris, d'abord (ou pourquoi il va falloir que je revoie toutes mes candidatures de stage). Pour le vendredi soir et son épique engueulade familiale, ensuite. Pour les réflexions entendues le samedi. Pour la soirée longue comme rarement qui suivit. Pour ce froid dimanche de pluie, enfin.
Je n'aurais jamais pensé, moi qui ne suis pas du genre à pleurer (ou alors, seulement si j'ai l'assurance que personne ne le saura jamais), que mes parents finiraient par réussir à le provoquer chez moi. Bon, il y a bien eu l'époque des 14 ans "Ô, monde cruel et parents si incompréhensifs, vous ne souhaitez donc que ma mort, à me refuser la boum de Magalie??!". Mais depuis, je suis bien moins hystérique. D'ailleurs, nous ne parlions même pas de moi, ni d'eux. Non, nous parlions d'un fait divers tragique. Mais ça a viré au pugilat. Parce que je ne crois pas à la peine de mort, parce que je n'ai pas toujours la solution pour résoudre les problèmes, parce que non, tuer un jeune branleur qui vient foutre la merde chez toi avec une barre de fer n'est pas un évidence pour moi. Il devrait toujours y avoir une autre solution. Et les arguments poujadistes qui consistent à dire que notre justice est pourrie, qu'elle est soumise au politiquement correct et que "ce sale arabe l'avait bien mérité", ça me fait toujours bondir. Gestes équivoques, cris qui fusent, incompréhension de toute part. Je passe pour un relativiste mou, un idéaliste gaucho-candide. Non pas que je donne raison à quelqu'un qui agresse les gens. Mais si la légitime défense n'est pas avérée, si la personne qui a poignardé ce gamin a été écrouée, c'est qu'il devait bien y avoir un moyen de faire autrement que de le tuer... A moins que je ne me trompe. Je ne sais rien. Je n'étais pas là.
Toujours est-il qu'au bout d'une demi-heure à me faire abreuver d'insultes parce que je prenais la "défense" de ce "branleur qui l'a bien mérité", j'ai été fatigué. Fatigué de ne pas élever la voix pour rester poli, mais de faire face à un débit de voix de plus en plus puissant. Trois se sont arrêtés de parler de ce sujet visiblement épineux, sur ma demande. Une seule a continué. Je l'ai suppliée de se taire, d'arrêter. "Non, je veux pas arrêter! Puisque tu es si malin, tu ferais quoi? C'est quoi la solution? Des mecs s'introduisent à ta fête et foutent la merde, et toi tu penses qu'il ne faut rien dire!! Tu trouves ça normal!! Mais tu n'as aucun bon sens, mon garçon! Tu approuves les agresseurs?!!". Bien sûr que non, mais s'il te plaît, arrête. Je n'ai pas de solution, j'ai juste un avis. Je respecte le tien, et nous ne tomberons pas d'accord, alors on arrête. Elle a continué. J'ai senti ma main qui tremblait depuis déjà dix minutes, et le flot qui montait.
C'est bien la première fois que ma mère me fait pleurer. Ou en tout cas, la première fois depuis longtemps. J'ai absorbé beaucoup de chocs verbaux. Ce soir là, j'aurais juste voulu qu'elle sache voir que j'étais lassé de tout ça. Je suis lassé de me battre avec eux à chaque week-end familial. Je leur ai demandé de ne plus me parler politique ou fait divers, ou au moins d'éviter. Ne vous méprenez pas, je les aime beaucoup. Nous avons des divergences politiques assez indépassables, mais nous nous en sortons bien. J'aime à croire que nous nous quittons à chaque fois en désaccord mais pas fâchés. Mais ce soir là, c'est moi qui ai quitté la table, vidé de courage.
Nous sommes dimanche soir, ça fait deux jours. J'ai fait bonne figure tout le week-end. Mais je sens quelque chose de cassé. J'espère que dans quelques jours j'aurai à nouveau envie de retourner chez eux.
edit de 22h35: ça devient de plus en plus drôle, ici. Bon, ne vous inquiétez pas, quand j'aurai trouvé un stage, je serai moins sur les nerfs et je serai capable d'encaisser un repas de famille!
Je n'aurais jamais pensé, moi qui ne suis pas du genre à pleurer (ou alors, seulement si j'ai l'assurance que personne ne le saura jamais), que mes parents finiraient par réussir à le provoquer chez moi. Bon, il y a bien eu l'époque des 14 ans "Ô, monde cruel et parents si incompréhensifs, vous ne souhaitez donc que ma mort, à me refuser la boum de Magalie??!". Mais depuis, je suis bien moins hystérique. D'ailleurs, nous ne parlions même pas de moi, ni d'eux. Non, nous parlions d'un fait divers tragique. Mais ça a viré au pugilat. Parce que je ne crois pas à la peine de mort, parce que je n'ai pas toujours la solution pour résoudre les problèmes, parce que non, tuer un jeune branleur qui vient foutre la merde chez toi avec une barre de fer n'est pas un évidence pour moi. Il devrait toujours y avoir une autre solution. Et les arguments poujadistes qui consistent à dire que notre justice est pourrie, qu'elle est soumise au politiquement correct et que "ce sale arabe l'avait bien mérité", ça me fait toujours bondir. Gestes équivoques, cris qui fusent, incompréhension de toute part. Je passe pour un relativiste mou, un idéaliste gaucho-candide. Non pas que je donne raison à quelqu'un qui agresse les gens. Mais si la légitime défense n'est pas avérée, si la personne qui a poignardé ce gamin a été écrouée, c'est qu'il devait bien y avoir un moyen de faire autrement que de le tuer... A moins que je ne me trompe. Je ne sais rien. Je n'étais pas là.
Toujours est-il qu'au bout d'une demi-heure à me faire abreuver d'insultes parce que je prenais la "défense" de ce "branleur qui l'a bien mérité", j'ai été fatigué. Fatigué de ne pas élever la voix pour rester poli, mais de faire face à un débit de voix de plus en plus puissant. Trois se sont arrêtés de parler de ce sujet visiblement épineux, sur ma demande. Une seule a continué. Je l'ai suppliée de se taire, d'arrêter. "Non, je veux pas arrêter! Puisque tu es si malin, tu ferais quoi? C'est quoi la solution? Des mecs s'introduisent à ta fête et foutent la merde, et toi tu penses qu'il ne faut rien dire!! Tu trouves ça normal!! Mais tu n'as aucun bon sens, mon garçon! Tu approuves les agresseurs?!!". Bien sûr que non, mais s'il te plaît, arrête. Je n'ai pas de solution, j'ai juste un avis. Je respecte le tien, et nous ne tomberons pas d'accord, alors on arrête. Elle a continué. J'ai senti ma main qui tremblait depuis déjà dix minutes, et le flot qui montait.
C'est bien la première fois que ma mère me fait pleurer. Ou en tout cas, la première fois depuis longtemps. J'ai absorbé beaucoup de chocs verbaux. Ce soir là, j'aurais juste voulu qu'elle sache voir que j'étais lassé de tout ça. Je suis lassé de me battre avec eux à chaque week-end familial. Je leur ai demandé de ne plus me parler politique ou fait divers, ou au moins d'éviter. Ne vous méprenez pas, je les aime beaucoup. Nous avons des divergences politiques assez indépassables, mais nous nous en sortons bien. J'aime à croire que nous nous quittons à chaque fois en désaccord mais pas fâchés. Mais ce soir là, c'est moi qui ai quitté la table, vidé de courage.
Nous sommes dimanche soir, ça fait deux jours. J'ai fait bonne figure tout le week-end. Mais je sens quelque chose de cassé. J'espère que dans quelques jours j'aurai à nouveau envie de retourner chez eux.
edit de 22h35: ça devient de plus en plus drôle, ici. Bon, ne vous inquiétez pas, quand j'aurai trouvé un stage, je serai moins sur les nerfs et je serai capable d'encaisser un repas de famille!
7 commentaires:
Bon courage, Vinsh!
bon les commentaires niais c'est ce qu'il y a de pire dans ces cas là.
alors bon retour sur Bordeaux
modestime
et ma tentative de remontage de moral en direct n'aura même pas été mentionné ici ! Ingrat va ;)
Laisse passer le temps, un peu, tu sais comment ELLE est, et comment vous fonctionnez.
Et puis, félicitations aussi, parce que défendre tes propres convictions alors que tu sais qu'elles ne seront jamais partagées par tous, c'est fort !
C'est peut être ça de devenir un adulte, aux yeux de ses parents en tous cas ...
Ah et vive le dimanche soir aussi !
(pour les fautes d'orthographes de mon précédent post que je viens de relire, vous avez l'habitude, ...)
Oh comme je connais bien ce scénario! Vilain petit canard de gauche dans une famille de droite (mais j'ai réussi à embrigader ma petite soeur), il y en a eu des longs repas où je me suis sentie bien seule. Et agressée. Ca fait 15ans que j'entends "pfff, tu verras quand tu grandiras, tu changeras d'avis". Et bien à 30 ans, je n'ai pas changé d'utopie, et j'en suis fière :-) Et le mieux, je crois que c'est d'ignorer les remarques qui te choquent... C'est difficile mais c'est pour la paix des ménages!
De toute façon, il vaut mieux éviter de parler politique avec bon nombre de gens, ça finit souvent en pugilat (tout comme les conversations sur la religion...) :/
Moi, quand je discute de ce genre de choses avec des gens qui se tromp... heu n'ont pas le même avis que moi, on finit toujours par me dire que de toute façon je ne le vois pas de mes yeux et que mon avis n'en est que forcément inférieur. Argument imparable. Comme s'il fallait, pour reprendre le thème de la justice, qu'un juge soit un meurtier pour bien apprécier ce qu'est un meurtre. Enfin l'essentiel Vinsh, c'est que tu as raison (et moi donc puisque je pense pareil) et que c'est pas la rue qui gouverne (comme disais l'autre).
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