12.7.07

La guerre de la vaisselle n'aura pas lieu

J’aurais bien rebondi sur les actualités affriolantes de DSK, Jack Lang et Ségolène Royal (qui veut ressusciter Arrêt sur image) et de tout ce que cela peut signifier pour le PS, mais décidément Floran le ferait mieux (sous-entendu : Floran, revieeeeens !!). Je parle donc d’autre chose. Au hasard, ma vie si intéressante. Ma mère est une femme formidable. En plus de tout régenter, ce qui m’épargne de fatigantes réflexions sur le fonctionnement des choses, elle est particulièrement dévouée à mon bien-être. Regardons, par exemple, la soirée d’hier. Non seulement elle m’a acheté un GPS à la perspective que je parte demain passer 36h à 20 km de la frontière franco-allemande, mais en plus elle s’est farci la traversée de la région et du périphérique parisien bondé pour que je l’aie en main propre dès hier soir. Allez sortir de vos réflexes de culpabilisation après ça, vous ! Ce qui ne l’a par ailleurs pas empêché de me faire cette gentille remarque, qui m’a un peu fait me sentir comme ce laideron de Lisa Plenske dans Le Destin de Lisa : "Elle est moche, ta chemise ! C’est quoi, la marque? Quoi, Z*ra ??!... Eh bien, Vincent, tu es tombé bien bas !". Note pour plus tard : ne plus avoir de scrupules la prochaine fois que je croise le chemin du jean Marithé et François G*rbaud / chemise Hugo B*ss / veste K*nzo de mes rêves (de la semaine)… C’est ce qui fait que tout le monde adule ou déteste ma mère : son franc-parler un peu bitchy, qui vire parfois à des piques colériques aussi rouges que sa peau soigneusement et méthodiquement cancérisée au soleil. Que voulez-vous, elle aime les brûlures.


Bref, inutile de s’attarder sur des détails esthétiques. Je parle encore une fois de ma mère aujourd’hui (oui, vous avez remarqué, je le fais souvent, il y a toujours quelque chose à dire) à la suite du week-end dernier, qui en plus d’être un week-end de débauche, fut aussi marqué par un événement majeur… Non, pas le mariage de Tony Parker et Eva Longoria, arrêtez avec ça vous êtes pénibles! Dimanche matin, enfin disons plutôt dimanche à 14h30, alors que j’émergeais péniblement à la maison de mes deux soirées spiritueuses, je descends les escaliers et me retrouve… les pieds dans la flotte. Car oui, ô rage ô désespoir, le lave-vaisselle a rendu l’âme, refusant désormais de se vidanger, le cochon! Et si une panne de modem peut me rendre irascible au dernier degré (mon amoureux en sait quelque chose), vous n’imaginez pas ce qu’un événement semblable perturbe ma génitrice lorsqu’il s’applique à un appareil ménager. Ma mère est une psychopathe des tâches ménagères. Bon, vous relèverez que comme elle vit avec trois hommes légèrement machos (et seulement deux quand je ne suis pas là), les choses sont ainsi bien faites. Je ne saurais dire si ma mère est une icône anti-féministe résolue à un rôle de bonniche, ou une maîtresse-femme, patronne de sa maison se refusant à partager son pouvoir, après une jeunesse que je sais particulièrement vadrouilleuse et anticonformiste. Elle est les deux, et il y a de quoi être schizo. Toujours est-il que ses névroses ménagères comme le repassage des chaussettes (si, si) ne nous ont jamais dérangés, et que même lorsque nous lui disons que c’est ridicule et qu’elle n’a pas à se casser le cul comme ça, elle nous envoie vertement bouler. Je pense que cette hyperactivité lui permet de ne jamais s’arrêter pour se reposer, réfléchir, penser à ses problèmes non-résolus et donc devenir folle. S’oublier dans le boulot, sous n’importe quelle forme. Mais lorsque le lave-vaisselle ou la centrale vapeur décède, c’est le drame.


Le dimanche maternel fut donc particulièrement maussade, avec, comme à chaque fois qu’on a une panne, l’appareil échoué au boulot de mon père (et des chances de le revoir vivant très faibles). J’en étais resté là de cette anecdote en rentrant chez mon parrain dimanche soir. Voici ce qui s’est passé le lundi. Mon père, qui n’est pourtant pas le roi de l’initiative domestique, annonce de bon matin à ma mère qu’il a décidé d’inviter un de ses potes à déjeuner ce midi même. Réaction de ma mère : "Quoi ?? Tu l’invites alors que j’ai pas de lave-vaisselle ?? Tu fais vraiment chier!... Tu sais quoi, tu te démerdes avec lui, moi je ne déjeune pas, ça fera moins de vaisselle!!". Ce raisonnement est implacable. Finalement, le midi, ma mère a pris l’apéritif avec mon père et son pote, et se rendant compte que ce dernier attendait qu’elle lui propose formellement de rester déjeuner… elle ne l’a tout simplement pas fait! Elle s’est donc fait engueuler dès que l’invité a claqué la porte. Dans la foulée, mon frère, pour une fois qu’il met la table (quoique je ne sais plus comment ils vivent tous les trois), décide de sortir la belle vaisselle. Une envie qui le prend parfois, sans que nous n’ayons jamais compris pourquoi. Et là, ma mère : "Rhaaaaaaaaaaaaaa, vous me faîtes chier, j’ai pas de lave-vaisseeeeeeeelleeuh !! Je me casse !". Sur ce, elle est repartie au boulot en faisant la gueule. Sa copine Patricia lui a proposé de l’emmener chez B*t ou chez Boul*nger pour acheter un nouveau lave-vaisselle. Elle lui a répondu : "Nan !! J’en veux plus ! Qu’ils se démerdent, ces cons ! Ils feront leur vaisselle eux-mêmes à la main ! Marre d’être la bonniche!". Elle n’y croyait pas une seconde, se passer de faire la vaisselle le soir avant d’aller dormir lui est invivable. La stratégie de la pression par la vaisselle à la main n'a d'ailleurs pas payé. Le soir, à la fin du repas, elle lance à mon père et à mon frère : "Bon, vous savez quoi ? Maintenant vous prenez chacun votre assiette et vos couverts, et vous allez les nettoyer à l’évier !". Réponse de mon père : "Oh bah nan, eh ! J’m’en fous, moi, j’peux garder la même assiette sale pendant quinze jours s’il le faut ! Ranafoute, j’la lave pas !". "Ah ouais? Eh bien je fais la grève de la vaisselle, moi aussi, vous avez gagné!". Nous, mal élevés?


Dès lors, la guerre d’usure était engagée mais les forces étaient inégales, car l’insalubrité n’a jamais été un véritable problème pour mon père, qui lorsqu’il a rencontré ma mère vivait dans cette maison avec dix potes pas regardants sur l'hygiène de la vaisselle, des clébards et des vieilles pantoufles accrochées au mur un soir de beuverie en guise de déco. Un homme, quoi. Le lendemain à 14h, ma mère faisait livrer un nouveau lave-vaisselle. Depuis, elle a renoncé, pour la 8437ème fois en 23 ans de mariage, à demander le divorce... et elle est très heureuse de pouvoir à nouveau faire tourner ses vaisselles. C’est fou, quand même, l’impact de la technologie sur notre moral et sur nos névroses...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi je veux un lave-vaiselle...mais bon, faut pas rêver!
mais j'ai le même problème que toi, si mon modem Al*ce (wouhou!) fait des siennes, je suis au bord de la crise de nerfs et je suis capable de balancer n'importe quelle personne du 5° étage...ahh la menace de Pirouette!

Vincent a dit…

Audrey, si tu nous lis: méfie-toi de ta future coloc'!
Moi aussi, je rêve du jour où j'aurai un lave-vaisselle, comme un bon dindon embourgeoisé. Mes réflexes "rentre à la maison - pieds sous la table" me perdront...

Anonyme a dit…

Oui en fait les jours affreux sont DES boulots ! Un le matin ( vendeuse chez un traiteur ) et un le soir ( serveuse dans un bar ) ^^

Vincent a dit…

@ marine: alors profite bien de la plage! Au moins, tu as une plage à proximité!