3.5.07

Je trouve qu'elle a assuré. Est-ce que ça suffira?

Comme à peu près tout le monde, sauf deux millions de personnes qui se trouvaient devant la Nouvelle Star et dont j'espère qu'elles ont au moins l'excuse d'avoir moins de douze ans, j'ai regardé le fameux débat d'entre-deux tours hier soir. Je ne vais pas me la jouer détaché et blasé. Même si je sais que ce débat n'a jamais été décisif ni inverseur de tendance (aux dernières nouvelles, Sarkozy garderait l'avantage), j'étais fébrile et je sautais comme Zébulon dans mon living-room. Pour tout dire, je n'ai pas été déçu par la soirée. J'attendais beaucoup de Ségolène Royal, et même si elle n'a pas toujours été hyper à l'aise, j'ai trouvé qu'elle avait globalement dominé Nicolas Sarkozy et qu'elle était surprenante de combativité. Sarkozy, pourtant, est toujours aussi séduisant avec ses chiffres "précis", sa réalité dessinée en deux coups de crayon et ses simplifications. Hélas.
Je retiendrai deux ou trois phrases clés, notamment celle de Sarkozy après la colère de Royal sur la question de la scolarisation des enfants handicapés "Vous sortez de vos gonds avec beaucoup de facilité", mais aussi la réponse de Royal "Il y a des colères saines et utiles", ou encore le très drôle (et bizarrement passé inaperçu) lapsus de Sarkozy "Moi, ce que je propose, c'est pire!". Coco en était explosée de rire! Sur la fin, nous avons eu très peur que le temps de parole joue en défaveur de Ségolène Royal, et que Nicolas Sarkozy ne se retrouve avec un boulevard de cinq minutes pour terminer le débat sans que la candidate PS ne puisse plus répliquer. Nous hurlions devant la télé en nous cognant la tête sur les murs. En fait, l'égalité du temps de parole n'était pas si stricte que ça, et Nicolas Sarkozy a eu la condescen... euh, la courtoisie de faire cadeau à "Mme Royal" de trois minutes. Je crois qu'il a été déstabilisé par cette assurance, cette force de conviction, cet argumentaire bien préparé (du moins sur certains sujets). Pour moi, elle a remporté ce débat, elle y est apparue comme dominante et prête, elle a surpris. Elle a la carrure. La presse commente sur son agressivité, ses lacunes sur les dossiers, la chaîne info a même osé dire qu'elle était imprécise face à Sarkozy, monsieur chiffres et résultats, alors qu'elle l'a défoncé sur la question du nucléaire, et souligner qu'elle n'avait pas eu un mot gentil pour lui à la fin quand elle a dit ce qu'elle pensait de lui. Ooooh... Je ne ménerve pas, j'ai beaucoup de sang froid. ;)
Bref, je mets en citation l'édito de Laurent Joffrin dans Libération, que je trouve assez pertinent, quoiqu'orienté, bien sûr. Il s'intitule Légitime:

Nicolas Sarkozy n'a pas perdu. Mais Ségolène Royal a gagné.

Pourquoi un jugement aussi lapidaire ? Parce que dans ce débat fait de passion froide et de retenue agressive, la candidate socialiste l'a emporté sur un point essentiel : la légitimité. Nantie de 26 % des voix au premier tour ­(presque autant que Mitterrand en 1981)­ et de sondages innombrables qui la placent juste derrière Nicolas Sarkozy (c'est-à-dire, tout de même, avec la moitié de la France pour soutien)­, elle a démontré ce dont l'opinion a un moment douté : elle est parfaitement capable d'être présidente de la République. Au moins autant, en tout cas, que Sarkozy, qu'elle a malmené pendant plus de deux heures, lui dont on disait qu'il n'en ferait qu'une bouchée. Pugnace, précise, dure à la repartie en dépit de quelques maladresses et d'un sens abusif de l'exemple simple, elle a souvent bousculé le favori de la compétition. Sarkozy fut-il mauvais ? Certes non, au contraire. Mais avec toute sa volonté, sa préparation et l'avantage que donnent les 31 % réunis au premier tour, le leader impérial de la droite n'a pas dominé sa rivale. Que doit-elle encore prouver ?

Du coup, le débat de fond a repris ses droits. Les deux protagonistes en ont donné une version limpide. Un libéralisme à la française pour l'un, un socialisme à l'européenne pour l'autre. Une adaptation de la France à la mondialisation d'un côté, enrobée dans un volontarisme trompeur, un refus de la normalisation de l'autre, enveloppé dans un réalisme de bon aloi. En principe, le choix devrait être simple pour un peuple qui n'aime pas courber la tête devant la force des marchés. Mais n'oublions pas qu'en politique les circonstances gouvernent.

Nicolas Sarkozy n'a pas vraiment perdu. Il peut donc espérer conserver son avantage. C'était son seul souhait dans cette épreuve. A l'entrée de la dernière ligne droite, il garde la corde. Un seul problème pour lui : Ségolène Royal a commencé hier soir à refaire son retard.

3 commentaires:

Vincent a dit…

Autre batterie de citations Ségoliennes (moi, obsédé?):

"Merci le Medef.",
"Dès que vous êtes gêné, vous vous posez en victime !",
"Vous venez de dire une série d'erreurs, ça peut arriver. Mais il faudra que vous révisiez !",
"Ça n'est pas ma conception du pouvoir de décider de façon péremptoire et unilatérale."...

Elle s'est bien battue, quand même! Je suis content, même si je ne suis pas encore très optimiste.

Anonyme a dit…

Elle n'est pas intelligente mais elle est sincère et ce n'est pas une faible qualité.

Remarquez que c'est le premier compliment que je formule à son égard


Floran

Anonyme a dit…

SEGOLENE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
C'est-sé-sé-ségolène !!!