Vous allez dire que je surfe sur l'air du temps, que je ne me foule pas, que 500 blogs ont parlé du sujet avant moi, mais je vous emmerde bien bas. D'abord, je trouvais pas les photos sur le net lorsque j'ai entendu parler de cette campagne il y a deux semaines. Ensuite, je n'ai nullement la prétention d'être plus intelligent que les autres: s'ils en parlent, je peux le faire aussi. Enfin, et surtout, je ne suis guère inspiré ces temps-ci, profitant des quelques instants de tranquilité que j'ai pour glander ou aller au ciné (seul comme un pouilleux, parce que je suis le seul à avoir toujours envie, en journée). Bref, je voulais juste réagir sur cette campagne pour la marque No-l-ita réalisée par le controversé Oliviero Toscani, donc.
Pour ceux qui auraient oublié ou qui ne connaissent pas, Oliviero Toscani, c'est ça (enfin, pas seulement mais je mets les plus connues):
Pour ceux qui auraient oublié ou qui ne connaissent pas, Oliviero Toscani, c'est ça (enfin, pas seulement mais je mets les plus connues):
... Autant dire que c'est parfois discutable, pour de la pub "grand public", mais que ça a au moins le mérite (et non des moindres dans ce domaine) de faire parler. Rare et Benetton doivent de grandes réussites de com' à Toscani.
La question qui se pose à la vue de ces clichés, et notamment à celle de la campagne No-l-ita, puisque c'est celle qui est d'actualité, est celle du rôle de la pub. Est-elle un support commercial ou de l'art (ouais, ça pue la problématique à deux balles pour cours de com' de première année, et alors)? En effet, si elle est de l'art, le fait pour elle d'interpeler le public sur un sujet est assez légitime. Mais en tant que support commercial, ses motivations sont douteuses.
Toscani fait partie de ces quelques professionnels de la pub qui, depuis Warhol, font référence à des codes de l'art pour "anoblir" ce qui, dans leur âme d'artiste, n'est qu'un gagne-pain, un job alimentaire. Je ne nie pas le caractère intéressant, subversif, et même agréable de ces campagnes pour l'oeil amusé qui est le mien: on voit bien que c'est du boulot d'artiste, et tout ne me dérange pas. Cependant il ne faut pas perdre de vue le fait que les personnes qui acceptent de poser pour Toscani ne sont pas des mannequins (sauf pour le cas des deux religieux, ici): ce sont des personnes réelles, des destins flingués, des problèmes de société sérieux. No-l-ita est une marque de vêtements pour femmes: son catalogue est-il rempli de femmes rondes et charnues? Je ne le pense pas. C'est tout le problème de l'annonceur qui prétend dénoncer l'anorexie et qui ne semble pas avoir de scrupules à nous vendre, encore et toujours, du mannequin décharné pour vendre "du rêve" (et surtout des fringues). Franchement, vous connaissez beaucoup de filles qui ressemblent à celles des catalogues et des magazines? Elles sont pas regardables, les filles normales, les "girls next door"? Elles ne sont pas vos amies, vous ne tombez pas amoureux d'elles, elles vous laissent de marbre?... Bon, je ne vais pas dire que les mannequins minces sont désagréables à regarder, mais tout de même, n'y a-t-il là aucune contradiction? No-l-ita dénonce l'anorexie mais ne s'engage pas plus loin: sa collection automne-hiver continue d'être valorisée par des nanas au physique de rêve, inaccessible.
Bon, je ne parlerai pas des religieux ni de la peine de mort dans les campagnes Benetton, c'est has been et de toute façon les avis sont trop dispersés, mais là, pour le coup, je trouve qu'on verse dans le sordide pour faire passer un message ("l'anorexie, c'est grave et en plus, c'est moche"), mais dont le commanditaire ne semble pas devoir modifier son propre comportement pour que cela soit suivi d'effets. C'est bien gentil de dénoncer la mode et ses excès, mais quand on vend des sapes... Je trouvais Dove hypocrite avec sa campagne sur les pseudo-grosses qui utilisent les soins "fermeté", mais au moins, on était dans un message positif et... suivi.
La question qui se pose à la vue de ces clichés, et notamment à celle de la campagne No-l-ita, puisque c'est celle qui est d'actualité, est celle du rôle de la pub. Est-elle un support commercial ou de l'art (ouais, ça pue la problématique à deux balles pour cours de com' de première année, et alors)? En effet, si elle est de l'art, le fait pour elle d'interpeler le public sur un sujet est assez légitime. Mais en tant que support commercial, ses motivations sont douteuses.
Toscani fait partie de ces quelques professionnels de la pub qui, depuis Warhol, font référence à des codes de l'art pour "anoblir" ce qui, dans leur âme d'artiste, n'est qu'un gagne-pain, un job alimentaire. Je ne nie pas le caractère intéressant, subversif, et même agréable de ces campagnes pour l'oeil amusé qui est le mien: on voit bien que c'est du boulot d'artiste, et tout ne me dérange pas. Cependant il ne faut pas perdre de vue le fait que les personnes qui acceptent de poser pour Toscani ne sont pas des mannequins (sauf pour le cas des deux religieux, ici): ce sont des personnes réelles, des destins flingués, des problèmes de société sérieux. No-l-ita est une marque de vêtements pour femmes: son catalogue est-il rempli de femmes rondes et charnues? Je ne le pense pas. C'est tout le problème de l'annonceur qui prétend dénoncer l'anorexie et qui ne semble pas avoir de scrupules à nous vendre, encore et toujours, du mannequin décharné pour vendre "du rêve" (et surtout des fringues). Franchement, vous connaissez beaucoup de filles qui ressemblent à celles des catalogues et des magazines? Elles sont pas regardables, les filles normales, les "girls next door"? Elles ne sont pas vos amies, vous ne tombez pas amoureux d'elles, elles vous laissent de marbre?... Bon, je ne vais pas dire que les mannequins minces sont désagréables à regarder, mais tout de même, n'y a-t-il là aucune contradiction? No-l-ita dénonce l'anorexie mais ne s'engage pas plus loin: sa collection automne-hiver continue d'être valorisée par des nanas au physique de rêve, inaccessible.
Bon, je ne parlerai pas des religieux ni de la peine de mort dans les campagnes Benetton, c'est has been et de toute façon les avis sont trop dispersés, mais là, pour le coup, je trouve qu'on verse dans le sordide pour faire passer un message ("l'anorexie, c'est grave et en plus, c'est moche"), mais dont le commanditaire ne semble pas devoir modifier son propre comportement pour que cela soit suivi d'effets. C'est bien gentil de dénoncer la mode et ses excès, mais quand on vend des sapes... Je trouvais Dove hypocrite avec sa campagne sur les pseudo-grosses qui utilisent les soins "fermeté", mais au moins, on était dans un message positif et... suivi.
8 commentaires:
tout est complètement hypocrite dans cette campagne de pub. isabelle chères (la fille qui a posé) est anorexique depuis longtemps. elle avoue que ce qui a déclenché cette maladie, c'est les images de filles dans les magazines et qu'elle voulait leur ressembler. résultat : aujourd'hui elle pose pour un photographe mondialement célèbre et on ne sait plus vraiment si c'est pour combattre sa maladie ou pour réaliser son rêve.
moi, je trouve tout cela très étrange mais le sujet est très sensible en ce qui me concerne...
enfin, ça ne m'enpêche pas de manger capitaliste ! vinsh, c'est quand notre prochain mc dal ?
Oui, et le problème c'est quand plus on banalise ces images et on conforte des idées de filles instables !
Il suffit de voir le nombre de blog d"Ana est mon ami" où les filles photosh*p délibèrement les photos de mannequins pour les faire paraitre encore plus maigres qu'elles ne sont déjà pour comprendre qu'au lieu de choquer le public, cette campagne peut favoriser l'anorexie de certaines filles déjà fragiles sur le sujet !
Que celle n'ayant jamais eu de problème de poids, d'images, de comportement alimentaire, me jette la première pierre !
Allez Lilibuzz, brûle ton soutif et laisse toi pousser les poils! Non, désolé, je ne me moque pas, mais ça me rappelle un certain combat d'image et de respect de la femme il y a une trentaine d'années...à croire qu'on ne s'en sortira donc pas! Sauf qu'aujourd'hui, les femmes participent également à ce système...
Des solutions, je n'en ai pas, même si je pense comme Vinsh que la pub Dove était un premier pas vers quelque chose de mieux.
Je sais pas trop quoi en penser, mais je trouve que au moins, il y a débat, et c'est déjà quelque chose de positif. Si cette pub ne fera peut-être que conforter certaines dans la maladie, elles donnera peut-être un déclic à d'autres, qui sait...
Moi je trouve ça un peu trop, mais pas mal non plus. Les filles n'ont pas assez peur de l'anorexie, surtout qu'en plus les malades qui en arrivent à ce stade sont souvent hospitalisées et donc non visibles. Donc si ça peut mettre un peu de plomb dans la tête des minettes qui pensent que l'anorexie c'est cool...
Enfin je dis ça aussi parce que je suis une ancienne anorexique.
Oh trop sérieuse là, faut que je me remette en mode pétasse superficielle!
contribution
c'est fait
modestime
Bon, je vois que j'ai suscité des réactions pas trop superficielles (c'était le but), donc aujourd'hui je suis repassé en mode "dinde étudiante"... Je boufferai un macdal avec Mirabelle quand elle cessera de vomir partout (pour cause de gueule de bois, hein, pas d'anorexie).
Sinon, quelqu'un peut m'expliquer l'intérêt des mouvements "pro-ana"? Je comprends que des gamines soient attirées par la minceur (même au point, hélas, de se mettre en danger), mais être attirée par un comportement dont on sait qu'il est une dérive extrême et dangereuse (et moche)...
les pro-ana, c'est un peu comme la nouvelle "bande trop cool", des fraternity du net en général.
Des ados, mal dans leur peau le plus souvent, qui trouvent sur Internet des amies dont le dénominateur commun est l'anorexie. (réelle ou supposée d'ailleurs, je pense que des filles dans une détresse réelle cotoie d'autres filles qui cherchent plus simplement l'attention des autres)
Comme les groupes d'ados, elles se reconnaissent par des "codes" distinctifs bien connus d'elles (d'eux ... l'anorexie c'est aussi 10% d'hommes) et de petites phrases "d'encouragement" dans la privation.
Ces blogs souvent sous forme de journal intime, font le détail des quantité de nourriture et de calories ingurgiées dans la journée et stipule les moments de faiblesse des filles.
Un jeu de l'interdit plus dangereux que les "bétisses de l'adolescence" mais répondant aux mêmes pratiques s'installe avec des limites à dépasser : désaprobation de l'entourage et traque des hébergeurs de blogs qui censurent les sites pro-anorexie.
D'où l'utilisation de mots codes comme "Ana et/ou Mia est mon amie" !
Voilà, c'est juste mon analyse, c'est pas très superficiel, ni très lumineux, mais comme ça que je le vois !
@cél : j'espère vraiment que cette pub puisse donner un déclic à certaines !
Bon courage à toi pour le boulot!
@melle : c'est bien aussi de voir autre chose que le mode pétasse superficielle ! Ravie de voir ton emploi du mot "ancienne" !
@modestime : give some news !
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