Le bref passage à la maison n’a pas été aussi bref que voulu. Bon, d’abord il y a eu ma mère qui m’a incendié parce que j’aurais été désagréable avec elle mercredi soir (???), et ça a bien pris une heure pour qu’elle réussisse à cracher sa colère d’avoir un fils sur qui toutes les gentillesses glissent comme sur une savonnette. Il faudrait que je fasse attention à être moins naturel avec elle. Ensuite, il a fallu faire des obsèques au chien de mon parrain, parce qu’on l’a cassé… Enfin, je dirais plutôt que la pauvre bête a mal supporté le coup de chaud (et aussi l’oiseau malade qu’il avait bouffé la veille – H5N1 ?). Pendant que ma mère pleurait le troisième chien qu’elle enterrait au fond du jardin en moins d’un an, légèrement traumatisée dans son amour des bestioles, mon père creusait le trou en se marrant "On commence à avoir un belle collection, non ?". Il faudra donc que je reconsidère mes espoirs de tuer le chat de mon parrain, parce que ça risque de faire tâche, quand même.
La route nationale vers l’Allemagne est looooooongue et chiante comme une route de départ en vacances, à ceci près qu’au bout de la route il n’y a ni mer ni célébrités en slip sur la plage. Mais la région est très jolie. Les feux d’artifice offraient un agréable spectacle sur la route alsacienne (ben oui, avec tout ça, j’étais en Alsace pour 23h, moi). Le premier véritable problème potentiel qui s’est imposé à moi a bien évidemment été la fin de la route, une fois la frontière passée. D’ailleurs, je ne sais pas exactement où est la frontière, je n’ai vu aucun poste, ni aucun panneau indiquant Willkommen in Deutschland, la frontière c’est has been, vive l’Europe ! Bref, une fois arrivé en terre hostile inconnue, j’ai commencé ma quête de la Badener Strasse, dans le patelin à côté de Baden-Baden, dans la Bade-Wurtemberg. Un peu monomaniaques du Bade, par-là. Et je dois admettre que chercher son chemin à minuit et demie, dans la Forêt Noire (oui oui, celle de la célèbre clinique… nan, tu ne regardes pas la télé à 4h du matin ?), avec encore moins de chance qu’en plein jour de pouvoir demander son chemin à quelqu’un qui parle français, c’est un peu flippant. Mais j’ai trouvé, presque tout seul, je suis un warrior ! Les retrouvailles tardives avec le poussin furent formidables, essentiellement à base de bisous et brouette (au bout d’un mois, ça se conçoit). Nous espérons sans en être certains que nous n’avons pas réveillé ses parents. Ces derniers sont d’ailleurs adorables, accueillants et tout (la maman m’a envoyé un sms ce matin pour me remercier du panier de foie gras que je leur ai amené, je suis un gendre idéal, mais ils ont pas intérêt à appeler ça du pâté).
Le poussin a été élevé au grain (et à la viande) dans une région rurale, comme moi, mais dans une région rurale jolie et non sinistrée, ce qui est une nuance de taille. Karlsruhe est une jolie ville, où nous avons cultivé les loisirs romantiques : la très obscure expo "Zwischen zwei Toden / Between two Deaths" (hmmm, chaleur), le premier Burger King de ma vie (d’ailleurs, il faudra que je dise à Audrey que ce n’est pas si horrible que ça, même si le Macdal reste mon favori), le shopping même pas en soldes et la canicule. Bon, je donne l’impression de faire la fine bouche parce que je suis comme ça, mais j’ai vraiment passé une très belle journée de samedi. Un détail, quand même, sur mon hydratation durant cette journée : le poussin a une conception bien particulière de la manière de se désaltérer. Suggérant un petit rafraîchissement, ma foi fort bienvenu par une température extérieure de 36°C, il m’emmène boire un Eisschokolade. Recette : remplir un grand verre avec une moitié de lait entier (le lait demi-écrémé, c’est trop léger sur l’estomac) et une moitié de chocolat liquide ; ajouter une boule de glace à la vanille, puis une généreuse couche de crème chantilly ; saupoudrer de vermicelles de chocolat. C’est prêt ! Hmmmmm. Délicieux, mais on ne sait pas trop s’il faut boire ça en hiver ou en été. Si je n’avais pas énormément soif avant de consommer ce succulent breuvage, je suppliais le poussin d’acheter une bouteille d’eau trois minutes après. J’ai aussi vu son lycée, certes petit mais moins que le mien (je te rappelle qu’on n’y était que 200, dont 40 sur les trois classes de terminale, mais si je te l’ai déjà dit), et la charmante bourgade de Baden-Baden, thermale et internationale, avec son concours d’automobiles de collection et son sommet culturel franco-allemand réunis exprès pour ma présence, où une dinde à moitié bourrée massacrait allègrement du Brel et du Aznavour. C’est bien connu, lorsqu’ils entrent en contact avec d’autres cultures, les Français ne savent vendre que Brel, Aznavour, Gainsbourg, Piaf et Ferré. Heureusement qu’on a la chanson (d’il y a quarante ans), quand même. Mais le choc culturel du week-end, c’est quand même ça :
Le magazine Bravo, qui est un peu l’équivalent d’un Star Club ou d’un Fan 2, est connu depuis des années pour proposer une double-page consacrée au corps… avec nudité frontale de deux ados entre 15 et 19 ans. Page de gauche, une fille à poil, page de droite, un mec à poil. Chacun exprimant dans une interview ses complexes et ses problèmes (m’est avis que s’ils se sentent de poser nus de face dans Bravo, ils n’ont pas tant de complexes que ça, mais bon…). Là, j'ai coupé le bas de la photo, mais c'est sur leur site Internet en entier. Tu lis une interview de Nelly Furtado, tu tournes la page, et là, tu tombes sur deux ados complètement nus! T’imagines? Non, bien sûr, t’es qu’une cafetière, tu ne lis pas beaucoup… Le poussin dit que c’est important pour les jeunes lecteurs de bien connaître le corps humain. Mouais, mais dans Newlook, ça devrait suffire, non ? Je dois manquer de romantisme, mais en France, si Star Club ou un autre faisait ça, il se ferait démonter par l’opinion sous prétexte de morale, de major*té sexuelle et de p*rnographie des min*urs, non? Je me rends compte en écrivant ça que je vais attirer les requêtes Google de pervers beaucoup moins amusants que ceux qui veulent voir le décolleté de Céline Géraud, alors je masque un peu avec des astérisques… Tu comprends toujours, hein?
Bref, j’ai passé un week-end étonnant et fort agréable, malgré la chaleur accablante et une route du retour qui m’a semblé durer mille ans (la nuit en Seine-et-Marne a été courte). J’y retourne dans moins d’un mois, j’espère cette fois-ci être capable de comprendre les parents du poussin lorsqu’ils m’adresseront la parole. Encore une victoire de Canard!... Bon, Lacafetière, c’est pas que je m’ennuie avec toi, mais là il faudrait que je retourne bosser. Tiens, je te remets un filtre et du café pour t’occuper. On se revoit dans un quart d’heure.
9 commentaires:
Ahhh j'adore ce post! d'autant plus que je l'attendais vue ma matinée d'emmerdement! Ca fait plaisir à lire!
J'ai explosé de rire avec la répétition du Bade...en effet, pas beaucoup d'inspiration dans ce pays!
Et alors, la forêt, elle est bien noire? comment ça, c'est une question bête?
Elle est touffue et sombre, en principe, comme dans un conte de Disney, mais depuis la tempête de 1999 elle a moins fière allure. C'est quand même bien sombre...
et tu as vu les cérises dans la fôret noire ?
Ok blague pourrie, je sors sans signer !
Cela dit, la Schwarzwald tient son nom de sa région d'origine! Poussin a mangé une coupe de glace schwarzwald hier, chocolat + cerise + kirsch + chantilly. J'ai donc bien vu des cerises de forêt noire, oui...
Allez, assume, t'es qui?
bonjour à tous, je reviens après quelques jours d'absence; ce n'est pas moi l'anonyme d'en haut, mes blagues, même quand elles sont pourries, volent plus haut; le blanc c'est bien, mais faut savoir changer vinsh!!
floran
C'est moi !!! j'ai un peu honte, mais je dois assumer l'entière responsabilité de mes actes !
Je suis trop crevé aujourd'hui. J'aurai bien fait un post sur mon weekend chez le meilleur et son monsieur, un weekend fatiguant mais des plus agréables, marqué sous le signe des follivores et de Priscilla, folle du désert ... mais j'ai la flemme ! Alors je vous raconterai si je vous ai au téléphone et puis sinon, tant pis !
Merci encore mon choupinou mignon ! ;)
@ floran: Encore du changement de fond d'écran?? Je ne sais pas, je ne trouve plus de couleurs qui m'inspirent, j'ai épuisé mon quota couleurs... Je verrai quand j'aurai une ou deux grognasses sous la main!
@ pirouette: n'aie pas honte, la fatigue peut excuser les cerises! J'essaie de t'appeler vite (peut-être ce soir, ou demain, en espérant que je puisse abandonner le chat pour aller au ciné sans qu'il meure...)
"Encore une victoire de canard"...tu vivrais pas cachée chez nous toi? Parce que c'est un peu une de nos phrases péférées...
@ mlle e: Je ne crois pas que ce soit une phrase absolument cultissime de part chez nous les bordelais de coeur ou de souche, mais je la sors parfois (et Petite Marie aussi). Non, de mon côté, je suis beaucoup plus monomaniaque du "père noël est une ordure" ou des "trois frères"...
Le slogan "encore une victoire de canard" avec des filles déguisées en Lara Croft pour nettoyer les WC, ce n'est pas tout à fait mon visuel de présentation face à des beaux parents, mais ça sonne "mission impossible" dans ma tête (à savoir parler allemand)...
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